Lugnasad ( Br.Goueleost, Delou)
Panthéon celtique : Lug – Tailtiu (la Grande nourricière)
Dans la tradition des Celtes d’Irlande, Lug le polytechnicien est également l’expression du concept celtique de la parole action. Lug représente la chose bien pensée, bien dite et bien faite. Lugnasad, au milieu de l’été, célébrait la paix. C’était la fête de l’abondance, de la prospérité, des échanges commerciaux et du partage. Lugnasad donnait lieu à des compétitions pour hommes et femmes, en l’honneur de la déesse de la fertilité.
Dans les textes traditionnels, Lugnasad représente le point culminant du partenariat entre le roi et la déesse, entre le peuple et la terre. C’est également une fête en mémoire de Tailtiu, la mère nourricière de Lug décédée après avoir rendu la terre d’Irlande cultivable. Nasad provient de nas qui signifiait « fête funèbre ». C’est la première fête après le solstice d’été. Elle marque la descente du soleil vers l’équinoxe d’automne. Le ciel nocturne va progressivement combler son retard sur le ciel diurne.
Lugnasad est placée sous le signe du blé, des moissons et de la fertilité. Une partie du grain récolté était réservée pour les semailles de l’automne. Dans les textes de la mythologie d’Irlande, Tailtiu est morte d’épuisement après avoir transformé les forêts d’Irlande en verts pâturages et en plaines recouvertes de trèfles en fleur. Le sacrifice divin de la nourrice de Lug était destiné à assurer le bien-être du peuple d’Irlande. C’est pour célébrer sa mémoire que Lug aurait décidé, qu’aux calendes d’août, se tiendrait chaque année l’Assemblée de Lug. En Irlande, Tailtiu est l’un des noms de la Terre Mère. Par extension, elle représente l’univers dans son ensemble. A ce titre, Tailtiu présente des affinités avec la Déesse Mère Créatrice qui remonte au Paléolithique.
Lugnasad, en soulignant la fonction nourricière de la Terre, était propice aux réjouissances, aux échanges agricoles (foires) et aux alliances (mariages). C’était aussi l’occasion de procéder, dans la paix, à l’arbitrage des conflits par les druides. La fête se tenait sur une hauteur (les endroits élevés sont associés à Lug), comme ce fut le cas pour une foire annuelle sur le Menez-Hom (Finistère), où sur les bords d’un lac ou d’un cours d’eau (lieux associés à la déesse des origines), pour y baigner les animaux.
En Gaule, c’était probablement à Lugnasad que se déroulait l’Assemblée des Gaules, au cours de laquelle étaient discutées les grandes questions politiques pour tenter de concilier les intérêts des différentes nations gauloises. La fête met l’accent sur la convivialité dans les rencontres entre amis qui se retrouvent à l’occasion de grands banquets.
En Bretagne, c’est le troisième dimanche du mois de juillet que se tient le Gorsedd digor, l’Assemblée des druides, bardes et ovates. Cette réunion, à laquelle participent les délégations des assemblées sœurs du Pays de Galles et de Coupaille, est ouverte au public.
L’ours, emblème guerrier et royal, est associé à la fête. En Gaule, la déesse Artio, dont le nom est celui de l’ourse, en marque le caractère féminin. La constellation de la Grande Ourse féconde la Terre Mère de ses rayons cosmiques. La fête, dans sa signification cosmique, célèbre les épousailles entre le Ciel et la Terre.
Le cheval, pour ce qu’il représente de vélocité, de beauté et de vigueur sexuelle est également un symbole associé à la fête. Animal psychopompe, le cheval rappelle que la mort participe à la vie dans le cycle de la nature.
Le corbeau, oiseau de bon augure associé à Lug est également un symbole de Lugnasad. Dans la tradition des Celtes, le corbeau était un messager du divin. Le corbeau a été associé au roi Arthur. Dans la légende arthurienne, il représentait l’aspect solaire du personnage légendaire, mi roi, mi-dieu. La tradition chrétienne a inversé le symbolisme du messager des dieux celtes. Le corbeau devint l’oiseau de mauvais augure, caractérisé par la noirceur de son plumage.
Le chêne, symbole de force et de stabilité, est associé à cette fête. Lugnasad donne lieu à une cérémonie festive d’hommage symbolique au soleil et à la Terre nourricière. Cette fête est l’occasion de débattre des affaires du groupe constitué. C’est le moment propice aux assemblées de bilan pour la période passée et de projets pour la période à venir.
La période de Lugnasad (15 jours avant le 1er août et 15 jours après) est favorable aux alliances, aux mariages à l’essai qui étaient pratiqués par les Celtes et aux contrats de mariage conclus après une période d’essai satisfaisante.
Le 6 août est célébrée la Transfiguration de Jésus qui, sur le Mont Tabor, a révélé sa nature divine sous une forme glorieuse à trois de ses disciples : Pierre, Jacques et Jean. La Bible décrit l’événement :…son visage resplendit comme le soleil et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière.
Le 13 août était célébrée la fête préchrétienne de Diane, la Déesse Mère. En Gaule, elle était nommée Diane Némétone, associée au bosquet sacré. La déesse était représentée avec à la main une branche de pommier et un vase à cyder. Le cyder était un mets fait d’un chevreau rôti, embroché sur des branches de noisetier, accompagné de pommes. Au Moyen Âge, la fête du 15 août, dédiée à l’Assomption de Marie, la mère de Jésus, devait faire oublier la fête païenne. Ce n’est pourtant qu’en 1950 que le Pape Pie XII institue le dogme de l’Assomption de Marie.
Le deuxième dimanche de juillet se déroule la Troménie de Locronan dans le Finistère, une déambulation religieuse conduite par le clergé chrétien. Tous les six ans, la Grande Troménie rassemble les fidèles qui parcourent le périmètre du territoire accordé à Saint Ronan.
L’ethnologue français Donatien Laurent, à l’occasion d’un colloque organisé en 1989, a mis en évidence l’adéquation entre la topographie de la Grande Troménie de Locronan et le cycle annuel du soleil dans un quadrilatère sacré en rapport avec la tradition des Celtes. Donatien Laurent, directeur de recherche au C.N.R.S., a dirigé le Centre de recherche bretonne et celtique de l’Université de Bretagne occidentale à Brest pendant une douzaine d’années.
Selon d’autres sources, à l’arrivée de Saint Ronan au pied du Menez-Hom vers le VIIème siècle, cette portion de l’ancienne terre des Osismes serait restée à l’écart du christianisme et que les druides y officiaient encore.
La Gorsedd de Bretagne pratique également la déambulation de la Troménie de Locronan, le matin, avant la procession chrétienne qui se déroule l’après-midi.
Gwyon mab Wrac’h