Solstice d’été
(Br. Ham nos – Gousav-hañv)
Panthéon celtique : le Dagda – Taranis – Sucellos – Epona – Dian Cecht (dieu médecin) –
Nuit des Fées et des esprits guérisseurs.
Le solstice d’été, entre la célébration de Belteine et de Lugnasad, est symbolisé par le feu, sous ses différentes formes :
-Feu du ciel, il était représenté en Gaule par Taranis, dieu gaulois de la foudre, et par Sucellos, le bon frappeur, muni de son maillet. En Irlande, ce pouvoir était celui du Dagda, le dieu bon, représenté avec une massue. La foudre était la manifestation de la toute-puissance du dieu par son pouvoir créateur et destructeur.
-Feu qui réchauffe la nature en pleine maturation, il était représenté par Bélénos, l’aspect chaleur du soleil, au moment où son action fécondante sur la Terre était la plus évidente. L’union du Ciel et de la Terre, au solstice d’été, était le moment propice aux rapprochements pour la formation de nouveaux couples.
-Feu qui illumine la Terre et les esprits, il était représenté par Lug, aspect lumineux du soleil à l’apogée de sa course annuelle. Au solstice d’été, le feu purificateur et régénérateur représentait le prolongement igné de la lumière. Représenté par Lug, le feu symbolisait l’énergie, l’action et la spiritualité.
Le chêne, symbole de force, de longévité et de succession des cycles de vie était associé à Taranis. Le chêne, symbole de l’axe du monde, met le Ciel en communication avec la Terre. Symbole de sagesse et de hauteur de vue, il relie ce qui est en haut à ce qui est en bas.
Dans le combat solsticial entre le ciel diurne et le ciel nocturne, ce dernier cesse de perdre pied. Le lever et le coucher du soleil se font dans leurs directions les plus septentrionales.
Le soleil, associé au sud, est au plus haut de sa course, à l’apogée de son pouvoir, au maximum de sa chaleur et de sa vitalité.
Au solstice, le peuple témoignait son respect et sa gratitude à la Terre nourricière.
Le pouvoir « magique » du feu était ressenti le plus fortement dans la nuit du solstice d’été, la nuit la plus courte de l’année. Ce pouvoir était illustré par le chaudron, ustensile associé au feu. Le chaudron est, dans la tradition d’Irlande, l’ustensile du Dagda, le Dieu bon.
Dans la mythologie, c’est dans un chaudron magique que sont plongés les guerriers morts au combat pour en ressortir vivants, mais privés de parole. Le mythe est représenté sur le chaudron exhumé dans les environs de Gundestrup. Dans la tradition d’Irlande, le chaudron d’abondance du Dagda contenait une nourriture inépuisable.
En Gaule, Epona, déesse de la fertilité et protectrice des chevaux, était associée au solstice d’été.
Au moment du solstice d’été, des feux de joie étaient allumés. Ces feux avaient des vertus purificatrices mais suscitaient des sentiments contrastés au sein de la population. Les sentiments jubilatoires de la fête étaient teintés d’une certaine appréhension, liée au fait que le soleil allait entamer sa course descendante.
Les nuits de Samain, de Belteine et du solstice d’été, étaient réputées être les trois nuits enchantées de l’année, trois périodes durant lesquelles les esprits circulaient plus librement d’un monde à l’autre. Fées et esprits plus ou moins bienveillants inspiraient une certaine crainte, apaisée par des rites de protection.
Au solstice d’été, la société des hommes adressait ses encouragements au ciel diurne dans son combat solsticial. Les rites étaient destinés à accompagner le soleil, pour qu’il finisse son œuvre dans le mûrissement des récoltes. L’un de ces rites consistait à enflammer une grande roue et à lui faire dévaler une colline.
Le solstice d’été était la période la plus propice à la cueillette des herbes médicinales telles le millepertuis, la verveine, l’achillée, la fougère et l’armoise. Au moment du solstice d’été, les plantes médicinales étaient réputées être au maximum de leurs vertus bénéfiques. Selon la coutume, la cueillette devait se faire de la main gauche, sans se servir d’un couteau, avant le lever du soleil et en se déplaçant à reculons.
La fête du solstice d’été se passait sur une hauteur, autour d’un feu de joie. Un bouquet, composé de neuf plantes fraîchement cueillies était mis dans le feu, en offrande au soleil.
Les feux de la Saint-Jean d’été se placent dans la continuation de cette fête celtique. Le glissement de la fête du solstice, vers la Saint-Jean-le-Baptiste, s’est opéré au Vème siècle. Le symbole de Saint Jean baptisant Jésus, la lumière du monde, était le plus approprié pour faire oublier la fête païenne. Les anciens usages se sont pourtant perpétués.
Avant l’allumage du feu de Saint Jean, une circumambulation dextrogyre était faite autour du bûcher. C’est avec une branche de chêne que l’on allumait le bûcher. Le saut des couples au-dessus du feu est une réminiscence des anciens rites de fertilité associés au solstice d’été. En Bretagne, à la Saint-Jean, se déroulait une procession des âmes en l’honneur des défunts. Avant l’allumage du feu de Saint Jean, il était de coutume d’effectuer trois tours autour du bûcher, dans le sens de la course apparente du soleil. A chaque tour, un arrêt était marqué pour prononcer la formule « Doué da barolano an anaon », Dieu ai pitié de l’âme des trépassés. Autour du feu, des pierres plates étaient disposées pour permettre aux âmes de venir se réchauffer et de participer à la fête.
Dans certaines contrées celtiques, comme en Irlande, les paysans s’en remettaient au pouvoir magique du feu pour favoriser la fertilité de leurs terres. Munis de bouquets d’ajonc enflammé, ils faisaient des moulinets en direction des champs.
Stonehenge dans l’axe du solstice d’été (gravure, XVIIIème siècle)
Les Celtes ne sont pas une civilisation au culte solaire prononcé Les plus grands sites mégalithiques acculturés par les Celtes ne peuvent faire l’objet que de spéculations.
Stonehenge, monument unique en son genre, est le premier concerné. Cet ensemble de pierres debout est aligné sur les solstices et sur les équinoxes.
Son axe central est aligné sur le solstice d’été. Cependant, les chercheurs (historiens et anthropologues) sont bien en peine de donner une signification à ce site : lieu de culte ou d’observation ?
Contrairement au site irlandais de New Grange, dont la symbolique autour du solstice d’hiver est assez claire pour être compatible avec ce que l’on connait des Celtes par rapport à leurs ancêtres défunts, Stonehenge garde une partie de son mystère.
En Angleterre, Litha, la fête du solstice d’été, est une fête de magie et de pouvoir, dédiée à la générosité de la Terre. On célèbre l’amour, la guérison et la protection. Les récoltes sont imminentes, les fruits sont dans les arbres, et les paysans peuvent déjà annoncer si l’année sera prospère ou non. Cependant, Litha est empreinte d’une forme de nostalgie : alors qu’on a vu les jours s’allonger, chaque fois un peu plus depuis six mois, on a intimement conscience que désormais, ils se raccourciront. La course de l’année est au sommet de sa gloire sur la roue de l’année, mais la roue ne s’arrête pas de tourner.
Gwyon mab Wrac’h