Tous esclaves de la finance internationale
Cent cinquante multinationales qui font la loi.
Dans notre époque moderne, la population mondiale souffre plus que jamais, sous le joug d’un système financier déshumanisé. Sous l’étiquette d’une économie libérale mondialisée se trouve la réalité d’un monde uniquement tourné vers la philosophie du profit maximum à court terme, au bénéfice d’une minorité de possédants. Dans le jeu économique mondial, un groupe de cent cinquante multinationales contrôle la quasi-totalité des échanges commerciaux mondiaux. Ce noyau dur, essentiellement composé de banques et de compagnies financières, qui contrôle l’essentiel de l’industrie dans la plupart des pays, constitue un occulte super gouvernement mondial doté de pouvoirs immenses. Ces banques et Compagnies financières sont reliées entre elles par un complexe jeu de participations croisées. Cette gouvernance invisible, sans foi ni loi, se comporte parfois comme une véritable organisation mafieuse pour se maintenir hors d’atteinte de la justice en se ménageant des « protections » politiques bien placées dans chaque pays. Après des profits monstrueux, longtemps accumulés par la spéculation sur les marchés, matières premières et produits vivriers en particulier, les canailles de la finance internationale avaient abandonné toute méfiance. Les grandes banques participaient alors à une crapuleuse manipulation des taux interbancaires (Libor et Euribor). Après des années d’affaires scandaleuses sur la planète finance, délits d’initiés, manipulation des taux d’intérêts et des taux de change, de corruption des agences de notation, les populations ne peuvent que constater leur impuissance devant le désastre moral qui gangrène les institutions.
La faillite de la première banque américaine a provoqué une catastrophe mondiale par effet de domino. Plus réactif et peut-être moins soumis aux lobbies politiques, le système judiciaire américain s’est enfin emparé du problème pour tenter d’y mettre un peu d’ordre. Les banques américaines durent rendre des comptes et les banques européennes se virent infliger de significatives amandes aux USA. Le cas est loin d’être réglé en Europe, où les lobbies financiers tels le Global financial market association (GFMA) et l’Institute for international finance (IIF) usent de leur influence pour freiner les mesures en vue d’une régulation bancaire mondiale. Le projet de système européen de garantie des dépôts destiné à éviter qu’à l’avenir ce soit encore aux contribuables de venir au secours des banques en faillite, peine à recueillir l’accord des membres de l’Union européenne. En France, lobby Paris Europlace multiplie ses courriers au Président de la République pour tenter de le faire revenir sur sa décision de taxation sur les transactions financières (TTF). Les collectivités locales françaises ont été abusées par les banques qui leur ont fait souscrire des emprunts « toxiques », reportant leurs prises de risque sur les emprunteurs. La justice et la morale imposeraient de laisser les banques assumer le poids de cette escroquerie. Il n’en est rien, ce sont les administrés qui doivent en faire les frais. L’Etat français met un fond de 3 milliards d’euros à la disposition des collectivités pour les aider à se libérer des prêts toxiques. Un délai de trois mois leur est fixé pour accepter la proposition d’aide chiffrée et renoncer ainsi à poursuivre leurs banques en justice. Pris d’un sursaut salutaire, le Parlement européen tente de séparer les activités bancaires de détail de celles de marché. Les banquiers activent leurs relais politiques pour faire en sorte que cette révolution ne se produise pas.
Au cœur de l’Union européenne, le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas et l’Irlande se sont constitués en véritable réseau de paradis fiscaux pour les entreprises. Cette forme de dumping s’est faite au détriment des recettes fiscales des autres pays de l’Union dans lesquels les entreprises exerçaient leurs activités. Les instances européennes, avisées de ces pratiques délictueuses au pas de leurs portes à Bruxelles et à Strasbourg. sont restées silencieuses jusqu’à la révélation du scandale « Luxleak ». Début novembre 2015, les caisses de l’Etat français sont vide et une fois encore les dépenses incompressibles pour boucler l’exercice seront payées par l’emprunt dont l’accumulation de la dette affaiblit l’indépendance nationale par rapport aux pays créanciers, Chine, Qatar, Arabie Saoudite etc….
La Commission européenne, trahison à tous les étages.
Le puissant lobby industriel et financier est à l’oeuvre dans la négociation de l’accord « Tafta » ou TTIP en anglais, entre l’Europe et les USA. Cet accord donnerait aux grands groupes internationaux le pouvoir de s’opposer aux réglementations locales et nationales quand leurs intérêts économiques seraient concernés, même en cas de problèmes sanitaires liés à leurs productions. Le fait même que l’instance européenne ait accepté de discuter des dispositions de cet « accord », si peu favorable aux intérêts des consommateurs et des pays d’Europe, est un scandale en soi. Il n’y a cependant rien d’étonnant à cela, la Commission européenne politiquement indépendante se soucie peu des intérêts des pays membres, mais reste très « ouverte » aux chants des lobbies économiques des grand groupes industriels, et en particulier de ceux des USA. Les décisions prises en Europe sous l’influence du lobby du tabac et de celui de l’industrie chimique et des produits phytosanitaires en sont des exemples significatifs. En novembre 2015, l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) jugeait « improbable » le risque cancérigène du glysophate utilisé dans les pesticides dont le ROUNDUP est, pour l’environnement, l’exemple le plus significatif d’arme de destruction massive. Ce qui est certain, c’est que plusieurs scientifiques experts de l’EFSA, qui prônent l’innocuité du glysophate sont en position de conflit d’intérêt du fait de leurs liens avec les grands groupes de l’industrie chimique ou ceux de l’agroalimentaire.
Dans un ouvrage sérieusement documenté, la journaliste Stéphane Horel fait la démonstration éclatante de la priorité donnée par la Commission européenne aux profits financiers d’un petit groupe de grandes sociétés, au détriment de la santé des 500 millions d’européens qui consomment ou utilisent leurs produits. Les jeux de pouvoirs internes à la Commission, les conflits d’intérêt à tous les étages, le bidouillage du discours scientifique, un lobbying qui frise l’indécence, tout y est décrit avec précision pour tenter d’alerter l’opinion sur les désastreuses conséquences pour la santé publique. Les responsables de la Commission sont ainsi complices des industriels devant l’augmentation des cancers hormonaux-dépendants dans la population, des troubles de la fertilité, des troubles du métabolisme etc..; Armés d’une simple plume, les eurocrates sont, en Europe, à l’origine de tellement plus de victimes que l’ensemble des terroristes déployés sur le territoire. Ces crimes vont-ils encore rester longtemps impunis ? Enfin, le mercredi 16 décembre 2015, le Tribunal de la Cour de justice de l’Union européenne a condamné la Commission européenne pour avoir manqué à ses obligations sur le dossier des perturbateurs endocrinien. Le tribunal n’a pas admis que la Commission mette en parallèle le poids économique des disposition à prendre pour que l’industrie règle le problème, opposé à la santé publique des européens. L’industrie est à l’origine de problèmes de santé onéreux pour la collectivité, mais ce sont les malades qui restent seuls responsables du déficit des caisses de sécurité sociale.
La grande indécence.
Les grands groupes industriels reçoivent de l’argent public sous forme d’aide et de subventions. En retour, ces grandes entreprises s’évertuent à échapper à l’impôt par toutes les failles des systèmes fiscaux nationaux. Les actionnaires voient leurs rémunérations augmentées, les patrons et capitaines d’industrie augmentent leurs émoluments, primes de départ dans un entreprise et prime de bienvenue dans une autre, tout en s’accordant de scandaleuses retraites chapeau, quand des cohortes de salariés sont licenciés. En France, ces grands patrons font partie de la nouvelle « noblesse d’Etat » passée par les grandes écoles de la République qui conserve entre ses mains la gouvernance du pays. Ces têtes pensantes, souvent « border line » sur le plan de la légalité et de la moralité, organisent le pays à leur manière, gouvernant entre eux et se protégeant mutuellement des atteintes de la justice. Peut-être verrons-nous un jour, moins de copinage politique et plus de responsabilité individuelle des tricheurs placés à la tête des grandes entreprises, pour moraliser le monde de la banque et de l’industrie.
Les excès, qui avaient scandalisé l’opinion publique au moment de la crise, reprennent comme si rien ne s’était passé, au rythme des licenciements et des drames familiaux qui se succèdent dans les couches moyennes et modestes de la population. Les gouvernements nationaux n’y trouvent pas grand-chose à redire étant soit complice, soit dépossédés du pouvoir réel. La démocratie n’existe plus, remplacée par une sorte d’oligarchie financière internationale qui a su créer autour d’elle un cordon sanitaire constitué d’hommes politiques affidés. Cette organisation aux méthodes mafieuses détient le vrai pouvoir, au-dessus des gouvernements nationaux et des instances internationales. Ce pouvoir se mesure au différentiel des revenus et avantages divers entre les Capitaines d’industrie et les travailleurs licenciés qui basculent dans le Quart Monde.
Un gouffre sans fond s’est creusé entre l’humanité et le monde de la finance. A part quelques grandes fortunes de personnalités américaines qui acceptent de financer des actions humanitaires, la quasi totalité des efforts de solidarité est assumée par la multitude des petits contributeurs et par l’argent public des gouvernements nationaux. Pour redonner aux peuples le pouvoir de décider de leur destin, le bulletin de vote ne suffira pas. Après l’Irlande, Alexis Tsipras en a fait l’expérience en Grèce, mais rien ne s’oppose à ce que d’autres pays se noient dans les filets de la finance internationale. Ces premiers exemples suffiront-ils à réveiller les consciences des dirigeants politiques, pour faire front et se réinvestir du pouvoir de diriger leurs pays en prenant soin de leurs peuples, au lieu de les laisser étrangler par les pratiques scandaleuses et inhumaines d’un monde virtuel de la finance internationale ?
Kan ar Peulvan septembre 2015
Analyse faite à partir d’articles parus dans les journaux quotidiens et hebdomadaires nationaux.
Voir également; Enquête sur les serviteurs de l’Etat voyou ( Des coffres si bien garnis) de Karl Laske, éd. DENOËL 2004
Intoxication, Perturbateurs endocriniens, lobbyistes et eurocrates: Une bataille d’influence contre la santé. de Stéphane Horel, éd. La Découverte.
Les scandales de la République de Jean Garrigues. éd. Robert Laffont 2004
La triade des tourments par Guy Le Nair éd. TheBookEditon.com