Vendredi 13 novembre 2015


Vendredi 13 novembre 2015

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Jour de prière pour les musulmans, nuit de terreur à Paris et de colère pour les citoyens de la République française.

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Drapeau en berne à          l’Aber Wrac’h

  

La politique

Les attaques meurtrières conduites à Paris le vendredi 13 décembre 2015 par un groupe de terroristes islamistes ont plongé l’ensemble de la France dans un état de sidération vite surmonté. L’heure est à la prise de conscience et au rassemblement derrière les autorités de l’Etat pour faire front à l’extrémisme religieux comme à tous les extrémismes. Espérons que les responsables politiques abandonnent un temps leurs priorités égotiques pour faire respecter les valeurs de la République. Il y a urgence car les groupuscules racistes, xénophobes ou encore catholiques intégristes qui gravitent autour du Parti d’extrême droite ont commencé à faire entendre leur petite musique haineuse. C’est par calcul politicien que l’idéologie du Front National, contraire aux idéaux de la République, portée par des personnalités nostalgiques de la période collaborationniste de Pétain, n’a pas été mise hors la loi. Les sympathisants de cette idéologie sont encouragés par la parole de quelques ténors de l’opposition de la Droite républicaine plus occupés à s’approprier les idées de cette idéologie ignoble, dans une inqualifiable compétition électorale, qu’à fédérer les citoyens dans une unité nationale dans le creuset de la République laïque. Par cette attitude, les élus des Partis de droite qui profèrent de vives critiques contre le Gouvernement, au moment où le pays doit faire face aux terroristes islamistes, servent-ils les intérêts de la Nation ou donnent-ils à Daech des raisons de continuer son action meurtrière de déstabilisation dans notre Etat démocratique ?

En France, le FN fait fructifier l’idéologie qui gangrène la Pologne avec le parti majoritaire « Droit et justice », la Hongrie avec les propos du Premier ministre Orban et l’Allemagne avec le parti extrémiste Pediga (Parti d’extrême droite des patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident). Les militants de l’extrême droite populiste lient le problème du terrorisme à celui des réfugiés des pays soumis aux massacres de masse perpétrés par les extrémistes islamistes. Cet amalgame pour désigner un bouc émissaire rappelle la stigmatisation des juifs avec la montée du nazisme dans la première moitié du XXème siècle.

Il appartient aux responsables politiques de veiller enfin à faire respecter les lois qui s’imposent à l’ensemble des administrés qu’ils soient croyants ou non. Cela passe par une volonté politique du Gouvernement au niveau national, relayé par les préfets au niveau des régions et les maires dans les communes. Comme pendant la Seconde Guerre mondiale, une lutte sans merci doit être conduite contre les branches de l’Islam qui prônent une idéologie fasciste de « solution finale » qui n’a rien à envier au Nazisme. La réponse des pays démocratiques à cette agression ne souffre aucun compromis, sauf à admettre l’impuissance devant cette idéologie et laisser le Front National et ses satellites néo nazis appliquer des méthodes similaires aux musulmans de France. Pour cela, en France, il suffirait d’appliquer la loi concernant les associations cultuelles qui existent depuis 1905, encore faudrait-il que les responsables politiques en prennent connaissance et qu’ils aient le courage de les appliquer sans discrimination aux associations politiques contraires à l’esprit de la République, comme à toutes les religions établies sur le territoire national. 

La religion

L’être humain est le seul mammifère ayant la capacité de mener une réflexion spirituelle, religieuse ou laïque. La spiritualité est nécessaire à la pleine réalisation de l’individu dans l’adhésion à un idéal qui le transcende.

Au niveau individuel, la foi est une bénédiction qui rassure et apaise. Au niveau collectif, l’institution religieuse qui a vocation a promouvoir une loi divine pour organiser l’ensemble de la société génère épisodiquement des catastrophes humanitaires.

L’Inquisition et les guerres de religions en Europe furent un produit de la chrétienté. Les crimes commis pour spolier les Palestiniens, pour la conquête d’une terre promise par Dieu au peuple juif, sont un produit du judaïsme. Les abominations commises par les extrémistes islamistes sur l’ensemble de la planète sont le produit de la religion musulmane. Il appartient aux fidèles de prendre conscience des crimes perpétrés contre l’humanité au nom de leurs religions et, au nom de la solidarité et de la fraternité du genre humain, de se mobiliser pour faire respecter l’esprit de leurs différents textes sacrés corrompus par certaines interprétations. Cependant, si les autorité religieuses sont promptes à se mobiliser pour rappeler la loi divine aux élus des états démocratiques chargés de légiférer, elles se contentent généralement de qualifier de « mauvais croyants » ceux qui sacrifient indifféremment, sur l’autel de la barbarie, des innocents croyants et non croyants.

En terre d’Islam, le rayonnement culturel qui a fait la gloire de la culture arabe s’éteint progressivement. Hicham Melhem, un observateur attentif de l’évolution du monde musulman, livre son opinion dans le journal de Beyrout « An-Nahar », publié le 25 septembre 2014 : « –Daech est de fabrication locale, comme l’a été le parti Baas, autoritaire et chauviniste, ainsi que les autres régimes totalitaires. Cet héritage autoritaire a marginalisé les villes qui débordaient de vie culturelle, de créativité artistique et d’activité politique : Alexandrie, Le Caire, Beyrouth, Damas, Bagdad. Ces villes étaient des mosaïques culturelles et démographiques, fondées sur le pluralisme et la cohabitation entre musulmans et chrétiens, Juifs et Kurdes, Arméniens et Assyriens, hommes de gauche et conservateurs, croyants et athées. Ces villes ressemblent aujourd’hui à des déserts culturels. ».

Mélange de la politique et du religieux

Aux régimes laïcs répressifs de Syrie, d’Égypte, d’Irak, du Yémen, de Libye et de Bahreïn à l’origine de révoltes populaires, se sont ajoutés les régimes autoritaires d’essence religieuse comme le royaume d’Arabie Saoudite et l’Émirat du Qatar. Ces deux États sont soupçonnés d’avoir largement contribué, par leurs financements occultes, à l’essor du terrorisme politico-religieux contre les valeurs occidentales. Ils ont également utilisé l’arme financière et le pétrole pour museler les consciences occidentales, un succès qui explique peut-être leur mépris pour les démocraties soumises au pouvoir de l’argent. L’ensemble de ces facteurs a conduit à un véritable génocide au début du XXIème siècle. Rien ne changera tant que les états occidentaux, ainsi que la Russie et la Chine privilégieront le commerce avec ces états au lieu de s’attaquer réellement aux sources de financement du terrorisme. La Turquie ne s’embarrasse pas de scrupules pour collaborer, selon ses priorités du moment, avec l’organisation terroriste. L’action du Président Erdogan, qui peu à peu conduit la Turquie sur la voie d’un islamisme rigoureux, ne pose-t-il pas un problème de fond à l’OTAN quand il abat un avion de chasse russe à la frontière avec la Syrie?

Les valeurs humanistes universelles ne peuvent être restituées qu’en combattant les assassins qui discréditent les religions et la parole des Prophètes et par les croyants eux-mêmes. Pour l’Islam, cela reste illusoire. La violence et le meurtre mis à part, islamistes extrémistes et musulmans pacifiques partagent une même vision de l’organisation de la société sur la base de l’application de la Loi de Dieu et d’un asservissement de la femme, avec plus ou moins de rigueur. A un niveau bien moindre, il en est de même pour les autres religions.

Le dogme religieux donne plus aisément lieu à contre sens sur le terreau de l’ignorance. L’esprit dans lequel le texte a été écrit à l’époque du Prophète et la manière dont il est perçu aujourd’hui, au premier degré de la lettre, est sans doute l’une des raisons de l’abomination qui ravage le monde de l’Islam et nourrit le terrorisme religieux international. A 1500 ans de distance, le contexte social, le sens des mots et l’intention qui présidait à leur emploi ne sont plus les mêmes. Dans ce contexte, les Sunnites veillent au respect de la lettre du Coran et des commandements de la Loi religieuse (Sharï a) sans chercher à en interpréter le sens, alors que les Shiites privilégient le sens latent, l’esprit qu’ils s’efforcent de retrouver par des techniques d’interprétation qui traversent les apparences du langage, pour en retrouver le sens caché. Cette différence fondamentale dans la manière d’appréhender le Livre sacré, explique la lutte sans merci qui oppose Shiites et Sunnites depuis la mort du Prophète. Ces deux branches principales de l’Islam ont généré différentes sectes qui cherchent à se distinguer par le niveau des atrocités commises au nom de Dieu.

Conclusion

Les dieux, les religions et leurs rites ont une durée de vie toute relative à l’échelle de l’humanité. Ceux d’hier ne sont pas ceux d’ aujourd’hui. Ceux d’ aujourd’hui seront peut-être un jour recouverts par l’émergence de nouvelles croyances. Cela a déjà commencé avec la scientologie qui allie croyance, méthodes de management modernes et trafic d’influence, pour former une religion sur la base d’une organisation économique multinationale prospère qui ne s’embarrasse pas de scrupules pour capter les richesses de ses fidèles.

La conclusion de cet article peut être laissée à Denis Diderot (1713-1784) à qui nous devons ce passage extrait de « Pensées philosophiques » publié en 1746.

Sur le portrait qu’on me fait de l’Être suprême, sur son penchant à la colère, sur la rigueur de ses vengeances, sur certaines comparaisons qui nous expriment en nombres le rapport de ceux qu’il laisse périr, à ceux à qui il daigne tendre la main, l’âme la plus droite serait tentée de souhaiter qu’il n’existât pas. L’on serait assez tranquille en ce monde, si l’on était bien assuré que l’on n’a rien à craindre dans l’autre : la pensée qu’il n’y a point de Dieu n’a jamais effrayé personne, mais bien celle qu’il y en a un, tel que celui qu’on me peint.

Kan ar Peulvan 14 novembre 2015